LES CHRONICONIRIQUES



Les Trois Rêves de monsieur Fleabound.



6 h 45. didle doodle… didle doodle… didle doodle… une main hésitante interrompt la sonnerie du réveil. Monsieur Fleabound prend appui sur ses coudes. Sa première pensée, comme la dernière avant de s’endormir, est pour elle. Il sort lentement du lit. Il s’assoit sur le bord, tourne la tête vers son épouse qui dort encore. À pas feutrés, il quitte la chambre à coucher jusqu’aux toilettes, urine. Il se rend à la salle de bain, pratique les ablutions d’usage. De retour dans la chambre, il quitte son pyjama, enfile les vêtements du jour préparés la veille. Des étoffes grises. Il descend l’étage, arrive dans la cuisine. La cafetière programmable lui fournit le coup de fouet nécessaire avant de partir au travail. Après un verre de jus d’orange, il ajuste sa mise dans le miroir du couloir, prend sa sacoche marron, se dirige vers la porte d’entrée pour sortir. Quelques pas sur le trottoir avant de traverser la rue. Il regarde à droite, puis à gauche et s’engage. À peine sur la chaussée, son téléphone portable émet des sons de baisers. C’est sa sonnerie, c’est elle. Fébrile, il glisse sa main droite dans la poche gauche. Pas pratique. Il change sa sacoche de la main gauche à la main droite et tente d’attraper le téléphone de la bonne main dans la bonne poche. Mais il n’en a pas le temps, la voiture surgit et fonce sur lui à vive allure. Il recule prestement. Ses talons heurtent la bordure du trottoir, il tombe, s’écrasant les fesses sur le bitume. Il se réveille en sursaut, s’assoit dans le lit, le souffle court, le corps tremblant de sueurs froides.


6 h 45. didle doodle… didle doodle… didle doodle… une main hésitante interrompt la sonnerie du réveil. Monsieur Fleabound prend appui sur ses coudes. Sa première pensée, comme la dernière avant de s’endormir, est pour elle. Il sort lentement du lit. Il s’assoit sur le bord, tourne la tête vers son épouse. La place est vide. Il quitte la chambre à coucher jusqu’aux toilettes, urine. Il se rend à la salle de bain, pratique les ablutions d’usage. De retour dans la chambre, il quitte son pyjama, enfile les vêtements du jour préparés la veille. Des étoffes grises. Il descend l’étage, arrive dans la cuisine. Sa femme est là, attablée devant deux bols de café fumant. Elle lui sourit. Ils boivent en silence. Après un verre de jus d’orange, monsieur Fleabound se lève, dépose un baiser fantôme sur le front de sa femme, quitte la pièce. Il ajuste sa mise dans le miroir du couloir, prend sa sacoche marron, se dirige vers la porte d’entrée pour sortir. Quelques pas sur le trottoir avant de traverser la rue. Il regarde à droite, puis à gauche et s’engage. À peine sur la chaussée, son téléphone portable émet des sons de baisers. C’est sa sonnerie, c’est elle. Fébrile, il glisse sa main gauche dans la poche droite. Pas pratique. Il change sa sacoche de la main droite à la main gauche et tente d’attraper le téléphone de la bonne main dans la bonne poche. Il sort le téléphone, appuie sur l’icône lui permettant de prendre l’appel. Mais il n’a pas le temps de porter l’appareil à l’oreille. La voiture surgit et fonce sur lui à vive allure. Il fait un bond en arrière. Il n’est pas assez rapide, la voiture heurte légèrement son genou gauche. Son corps virevolte jusqu’au trottoir. Il tombe, s’écrasant les fesses sur le bitume. Il se réveille en sursaut, s’assoit dans le lit, le souffle court, le corps tremblant de sueurs froides. Son genou le fait atrocement souffrir.

6 h 45. didle doodle… didle doodle… didle doodle… une main hésitante interrompt la sonnerie du réveil. Monsieur Fleabound prend appui sur ses coudes. Sa première pensée, comme la dernière avant de s’endormir, est pour elle. Il sort lentement du lit. Il s’assoit sur le bord, tourne la tête vers son épouse. La place est vide. Il quitte la chambre à coucher jusqu’aux toilettes, urine. Il se rend à la salle de bain, pratique les ablutions d’usage. De retour dans la chambre, il quitte son pyjama, enfile les vêtements du jour préparés la veille. Des étoffes grises. Il descend l’étage, arrive dans la cuisine. L’endroit est sombre, un bol sur la table, encore maculé d’un fond de café. Pas une goutte dans la cafetière. Monsieur Fleabound ouvre le réfrigérateur à la recherche d’une bouteille de jus d’orange. Il ne trouve rien. Vide, comme au premier jour de l’achat. Intrigué mais pas affolé, il ajuste sa mise dans le miroir du couloir, prend sa sacoche marron, se dirige vers la porte d’entrée pour sortir. Quelques pas sur le trottoir avant de traverser la rue. Il regarde à droite, puis à gauche et s’engage. Un vague pressentiment déferle à la surface de sa conscience. Le temps de le disperser d’un clignement de paupière il est déjà au milieu de la route. Dans sa main gauche la sacoche. Il cramponne son téléphone de sa main droite dans la poche droite. Fébrile, il sort l’appareil, en regarde l’écran. Aucun appel, aucun message. Saisi d’une incoercible anxiété, il se pétrifie. Sa respiration s’accélère puis s’arrête brusquement. Et reprend en rythme plus rapide encore, devient imprévisible, incontrôlable. La sueur inonde et glace ses tempes et son cou. Instinctivement, il lève la tête et aperçoit trop tard la voiture se jetant sur lui à toute vitesse. Pas le temps de réagir. Son corps est balayé en une fraction de seconde. Propulsé dans les airs, tombant désarticulé à terre. Monsieur Fleabound n’est plus qu’un amas d’os fracassé sous lequel s’étale lentement une flaque de sang rougissant le bitume. Sa main droite reste crispée autour du téléphone qui, soudain, émet des sons de baisers.



6 h 45. didle doodle… didle doodle… didle doodle…didle doodle… didle doodle… didle doodle… didle doodle… didle doodle… didle doodle… didle doodle… didle doodle…




FIN

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